CE QU'A ECRIT CELESTIN PORT :

Courte biographie de Célestin Port :

Célestin Port est un historien français né le 23 mai 1828 et mort le 4 mars 1901.Né à Paris dans une famille modeste (son père tient un magasin de parapluies), il suit une scolarité à l'École des chartes, rédige une thèse intitulée Essai sur le commerce maritime de Narbonne (soutenue en 1852) et, en 1854, devient archiviste du département de Maine-et-Loire.
Aiguillonné par son maître Jules Quicherat, il consacre 47 ans de son existence à l'histoire de l'Anjou, sur laquelle il publie d'importants travaux. Son œuvre maîtresse — et souvent plagiée — est son "Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire" publié en trois volumes de 1874 à 1878. Il opère en même temps au classement des archives départementales. (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9lestin_Port )

Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'Anjou commencent par consulter le :

Dictionnaire Historique, Géographique et Biographique de Maine-et-Loire. Atelier d'Art Philippe Petit. Angers. 1974.

L'ouvrage a été récemment complété et réédité sous la houlette d'André Sarazin, historien bien connu des angevins :

"Supplément au dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire de célestin Port par André Sarazin, Réf. SCP, 2004, 2 tomes reliés, 16 x 24

On peut trouver ces ouvrages passionnants dans toutes les bonnes librairies et bibliothèques. Un exemplaire peut être consulté à la mairie de Louresse-Rochemenier.

Voici l'extrait qui nous concerne :

Louresse-Rocheménier, canton de Doué, arr. de Saumur. - Ecclesia de Luparicia, 1224 (Bibl. mun. ms. 691, p. 640). - Louerece, 1254 (G 842, f° 59). - Commune formée par la réunion à Louresse de la commune de Rocheménier (v. ce nom) 4 juin 1842.
Superficie. 6.557 ha, dont terres 2.906, prés 3.027, jardins 39, vergers 55, vignes 45, bois 436, landes 40. Cadastre de 1832, rénové en 1939. Remembrement opéré en 1960. En dépendent les hameaux de Launay, le Houssay-Quincé, la Varenne, les Pinellières, le bourg de Rocheménier, les châteaux de l'Ecottière, Launay et le Pont de Varenne.
Population. (Louresse seule), 1688, 92 feux. -1700, 94 feux. - 1720, 110 feux, 496 hab. - 1790, 461 hab. - 1820, 537 hab. 1841, 606 hab. -Après la réunion de Rocheménier, 1851, 903 hab. -1872, 840 hab. - 1891, 703 hab. - 1911, 729 hab. - 1921, 666 hab. - 1936, 669 hab. - 1946, 616 hab. - 1954, 681 hab. - 1968, 602 hab. - 1975, 583 hab.
Mairie-Ecole. L'une et l'autre étaient installées d'une façon précaire dans des salles louées. Un projet de mairie, avec salle de classe et logement d'instituteur fut établi par les architectes Dainville et Dussauze en 1879 pour le prix de 21.800 fr. Un terrain de 17,60 ares, sis au bourg, fut vendu à la commune par M. Lucien Mauriceau, pour 1.6oo fr. Le conseil municipal décida de vendre trois parcelles de terrains communaux, et contracta un emprunt de 6.722 fr, à la Caisse des Ecoles. Il sollicita de l'Etat une subvention de 8.ooo fr., et vota, une imposition extraordinaire pendant 30 ans, à partir de 1881. Les travaux (Léoty entrepreneur à Douces) furent reçus en 1885.
Ecole des filles. Une maison et un jardin sis au bourg furent achetés par la commune à M. et Mme Isidore Gangloff pour le prix de 8.100 fr. La commune emprunta 8.ooo fr. à la Caisse des Dépôts et le conseil municipal vota une imposition extraordinaire pour 25 ans (1895). Les travaux (Roux, architecte) furent adjugés à J.-B. Dubois, entrepreneur pour 14.300 fr. L'Etat accorda une subvention de 6.295 fr.
Eglise paroissiale St-Pierre. Le portail très simple, est roman. La nef sans style. Les réparations nécessaires en 1825 durent être supportées également par la commune de Rocheménier, qui ne possédait pas d'église et se trouvait réunie à Louresse pour le culte. Il s'agissait surtout de réparer la voûte de la nef. Le devis fut établi par Bineau, géomètre à Doué, les travaux adjugés pour 1.300 fr. à Pierre Guérécheau, maçon à Doué. Le transept est orné d'autels secondaires, (1825). Le clocher, atteint par la foudre, fut réparé en 1832 pour 256,27 fr. Le choeur, en hémicycle, a été restauré et décoré d'une boiserie en 1839 par le comte Méry de Contades, châtelain de Launay.
Activités de la commune. On compte 205 exploitations, moyennes et petites. Ce nombre élevé s'explique par les parcelles de vigne et les cultures spéciales (plantes médicinales entre autres).
Préhistoire. Un dolmen, endommagé, existe aux Friches du Corbeau. Un autre dolmen voisin a disparu. Les deux étaient portés sur la carte d'Etat-major publiée en 1848. Il existe de plus sur le territoire de la commune un tumulus et un polissoir (Gruet, Inventaire..., pp. 148-150). On a trouvé à Rocheménier, dans des sables à faluns, une curieuse sépulture, six squelettes disposés comme les rayons d'une roue, les pieds au centre, et deux haches à talon au lieu-dit Le Champ-Fort. Un statère d'or armoricain a été trouvé à Louresse (Répertoire archéologique de l'Anjou, 1865, pp. 5-6). D'anciennes caves ont été longtemps habitées, certaines présentent de curieux piliers.
Paroisse. Son origine est inconnue, Il est possible qu'elle ait été fondée par le seigneur, à qui la présentation à la cure appartenait (Archives de la paroisse, et des chapelles G 2096).
Curés. Jean Rogier, 1440. - Nicolas Hubault, 1580, 1588. Il était curé de Douces et passe traité avec l'abbé d'Asnières-Bellay pour la desservance de Louresse (H 1375). - René Burgevin, 1617. - Pierre Burgevin, 1630. - Pierre Daviau, 1700. - Hilaire Bureau, 1718, † 1765. - Jacques Boussicault, 5754, † 1770.
Féodalité. La seigneurie appartenait au fief de Launay, v. ce nom.
Etat au XVIIIe s. La paroisse était du diocèse d'Angers, archidiaconé d'Outre-Loire, doyenné de Chemillé, à la présentation du seigneur de Launay-en-Louresse, à la collation de l'évêque. Elle dépendait du baillage, de la sénéchaussée, de l'élection, de la subdélégation et du grenier à sel de Saumur. Sur son territoire, s'élevaient le prieuré d'Herbaud et la chapelle régulière de La Bournée (v. ces noms). La statistique est perdue.
Révolution. Louresse fit partie en 1788 du district de Doué, en 1790 du district de Saumur, et du canton de Dénezé, l'an III de la municipalité cantonale d'Ambillou, en 1800 du canton de Doué.
Clergé pendant la Révolution. Joseph-Henri Herbert, né à Angers en 1734, curé depuis 1770 refusa le serment constitutionnel. Il est porté sur la liste des émigrés en 1793. Au Concordat, il fut chanoine de St-Maurice et mourut en 1824. - Pierre Marquis, né à Doué en 1759, vicaire de Villebernier, prêta le serment constitutionnel. Elu curé de Louresse, il fut mal accueilli ; il resta en fonctions jusqu'à la cessation du culte. Au Concordat, il fut desservant de Douces, puis prêtre habitué à Doué, où il mourut en 1833. -Michel-Régis Tessier, né à Baugé en 1764 exerça clandestinement son ministère à Andrezé. Il desservait la paroisse en 1800 et fut maintenu au Concordat. Il fut ensuite curé de Beaucouzé, puis de Chartrené, de Chavaignes, et mourut en 1847. (Perrin de Rouvray, L'Eglise d'Angers pendant la Révolution.)
Liste des maires. Morisseau, 1800. - Courjaret, 1805. - Louis Courjaret fils, 1814. - R.-J.-H. Hublot, 1830. - Comte Méry de Contades, 1843. -Comte Léon de Contades, 1853. - Fréd. Caslot, 1857. - Comte Ernest de Contades, 1872. - Comte Louis de Contades, 1904. - Joseph Courant, 1929. -Auguste Rebellier, 1947. - Emile Breton, 1953 -Gilbert Clochard. 1971

ROCHEMENIER, bourg, Cne de Louresse-Rochemenier. Rupes Mainerii, 1238 (II H I Breuil-Bellay). - Rochemenier, 1273 (E 853).- Mainerium prope capellam apud Rochemenier, 1313 (G 732, f° 2). - Terra de Roca Minori, 1532 (G 701). Vieux bourg pittoresque, jadis en grande partie troglodyte et présentant de nombreuses caves creusées dans le calcaire, dont quelques-unes encore habitées. D'autres ont été aménagées, après leur achat par la commune en 1967, en un petit musée paysan riche en objets de la vie quotidienne et du travail, qui n'a pas reçu moins de 35000 visiteurs en 1980, amenant la municipalité à créer un parking pour faciliter la circulation dans les rues étroites du hameau (Nouvelle République, 10 juillet 1981). F-Y. Besnard*, note qu'à la fin du XVIIIe s. " la moitié pour le moins des habitants de Doué et des trois communes environnantes avaient leurs logements dans des caves, produites par l'exploitation des carrières de tuffeau, dont l'accès avait été facilité par des courdouères, tantôt couvertes, tantôt découvertes, qui aboutissaient pour l'ordinaire à une petite cour en plein air, autour de laquelle se trouvaient les portes tant de l'habitation que des étables et autres excavations propres à procurer les servitudes nécessaires ".
C'est un peu ainsi que se présentait alors - et que se présente encore - le bourg de Rochemenier. Là ne se trouve pas d'escarpement, de coteau, où aient pu être creusées des demeures. Bien plutôt nous trouvons des carrières, qui ont été progressivement habitées, et surtout utilisées pour les dépendances de l'exploitation agricole. La "cour de cave", vocable habituel pour ces cours d'habitations troglodytiques est presque toujours absente des logis creusés à flanc de coteau sur la rive gauche de la Loire, faute de dégagement entre le coteau et le fleuve, et en raison aussi du fait que leur population de vignerons, mariniers, artisans, n'avaient pas besoin de dépendances très importantes. Par contre les cultivateurs de l'intérieur, non limités au point de vue de la place, avaient besoin d'espace pour les attelages, le battage des céréales, les volailles, etc." (Fraysse, Les troglodytes en Anjou à travers les âges, t. II, p. 39).
" Les cours de caves à Rochemenier ont la forme d'un cercle ou d'un quadrilatère régulier, autour duquel s'ordonnent les abris du matériel, du bétail, de la volaille, du pressoir, etc. Les unes sont communes a plusieurs habitations, les autres particulières à un seul foyer. On y accède par des pentes douces, permettant l'accès des charrettes. Le verger, la vigne, les champs, étaient naturellement en surface. Pour éviter de longs détours, d'autant plus que les chemins en surface étaient étroits, on a creusé de longs souterrains, larges de deux à trois mètres, hauts de trois à quatre mètres. Les demeures troglodytiques comportent habituellement une façade en maçonnerie ; parfois l'habitation n'est que semi-troglodytique, c'est-à-dire qu'elle comporte partie de murs et toiture classiques. Si aujourd'hui ces demeures souterraines sont très rares, le réseau des caves a, lui, subsisté, abandonné parfois, et plus souvent encore toujours utilisé pour les dépendances de l'exploitation.
Parmi ces dépendances on retiendra, comme caractéristique, l'aménagement de pressoirs que l'on retrouve dans presque toutes les exploitations. Quant au réseau des voies souterraines, on en suit parfois difficilement l'organisation : voies directes de communication avec les cours de caves voisines et, plus loin, les champs- et tout le sous-sol de Rochemenier est truffé de ces voies - tunnels discrets, voire cachés, pour servir de cachette, lors des visites des agents de la gabelle, au sel acheté des faux-sauniers, ou pour permettre une fuite en cas de guerres ou de troubles, comme ce fut le cas lors de la guerre de Cent Ans, des guerres de Religion, de la Révolution, larges salles soutenues par de gros piliers, ayant servi d'entrepôt ou, simplement, résultant d'une exploitation du falun ; une étude attentive en démêlerait sans doute un peu le sens, mais le réseau s'est trop diversifié au cours des âges, en raison de besoins différents, pour qu'on puisse l'expliquer aujourd'hui complètement". (Fraysse, op. cit., t. III, pp. 37-38).
Exemple intéressant de l'habitation et de l'exploitation troglodytique du val de Loire, le village de Rochemenier retiendra aussi le visiteur par le charme de ses vieilles demeures, toujours rattachées par des pentes douces à leurs cours de caves.
A l'entrée du bourg se remarque le pittoresque manoir de Pierre-Basse*, XVIe s., flanqué de deux tourelles en encorbellement, malheureusement tronquées.
Au centre, la petite église (30 m x 8 m), remaniée au XVIIe s. avec galbe incurvé du campanile et choeur " à la romaine", présente une façade soutenue de deux gros contreforts s'avançant de part et d'autre du portail à accolade fleuronnée, XVe s. A l'intérieur sont conservées d'intéressantes statues anciennes de la Vierge, Ste Emerance, etc., jugées il y a un siècle "vilaines" par C. Port ; on a posé contre un mur latéral la pierre tombale de "maître Pierre Povert, nommé curé le 20 juillet 1763 et mort le 15 novembre 1789, âgé de 58 ans". Inscrite à l'Inv. des M.H. (20 novembre 1972), cette église doit être bientôt entièrement restaurée.
De fondation inconnue, une chapelle existait dès 1313 lorsqu'un manoir et son enclos, près de la chapelle du lieu, furent donnés au chapitre de St-Maimboeuf d'Angers pour y entreposer les dîmes perçues par lui à Rochememer (G 732, f° 2). Elle sera plus tard chargée du service paroissial, à la fin du XVIe s. pour remplacer l'église de Varennes* détruite en 1567 par les protestants. Elle lui emprunta alors son vocable de la Madeleine et St-Jean, abandonnant celui de Ste Emerance dont le culte y resta seulement privilégié : la sainte est encore invoquée de nos jours contre le tonnerre et contre les coliques ; une fête, le 23 janvier, se tient en son honneur.
Liste des curés, tant de Varennes que deRochemenier :
Jean Bohic, 1463-1465 ;
Pierre Bouchier, 1498 ;
Jacq. Lemesle, secrétaire de l'évêque, 1518-1519 ;
Jean Rouault*, évêque de Rouanne. 1521 ;
Jean Esnault, 1558 ;
Math. Perre, 1572 ;
Charles Regnault, 1574 ;
André Pelé, 1600 ;
Mich. Duparc, 1608-1619 ;
Jean Emery, 1620-1627 ;
Jean Sourice, 1630 ;
Aimé Bouquet, 1643 ;
Jean Gigault, 1661-1687 ;
Elie Guibert, 1692 ;
Franç. Créteau, 1694-1701 ;
Franç. Bédugneau, 1709 ;
Franç. Julliot, 1718 ;
E. Bellanger, précédemment curé de Baracé, avril 1719-1743 ;
Pierre Malineau, 1754-1758 ;
Pierre-Franç. Pauvert, 1763-1789 ;
Alex. Renault, 1789, déporté en septembre 1792 en Espagne.
Curé constitutionnel: Boulnoy, 1790, précédemment curé de Montsoreau, où il retourne en 1792.
Le presbytère ayant été vendu (bien national ?) le 9 therm. an IV, à Jacques Carry (I Q 523), les habitants sont, en l'an V, condamnés pour "violences exercées par attroupement envers le citoyen Carry, acquéreur de la ci-devant cure" (R. de l'A., 1897, t. XXXV, p. 373).
Curé concordataire : André Bascher, 1801-1809. La paroisse, qui relevait du Doyenné de Chemillé, fut supprimée en 1809 par une ordonnance épiscopale du 20 février, qui la réunit à Louresse. Elle avait été érigée dès l'organisation nouvelle en commune, dont le territoire comprenait 738 hect. et une population de 260 hab. en 1790, 286 hab. en 1831, 328 hab. en 1841. Une loi du 4 juin 1842, rendue sur l'avis du Conseil général, contre le voeu des habitants et l'avis du Conseil d'arrondissement, l'a réunie à la commune de Louresse.
Maires : Augustin Grignon, 1789-1796 ;
Pinson, 1er mess, an VIII ;
André Courjaret, 2 janvier 1808 ;
Camille Merlet, août 1832 ;
André Pinson, installé le 7 février 1840.

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COMMENTAIRES DU WEBMASTER

On ne peut-être qu'admiratif en lisant ce texte. Imaginez la quantité de documents anciens qu'il a fallu examiner pour produire une telle synthèse. Mille mercis pour cette prouesse ! Bien entendu cette synthèse servira de base à notre étude.

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