TROIS LOURESSOIS PARMI LES FUSILLÉS DE BOURNAN EN 1793

Contexte historique :

5 mai 1789 : réunion des Etats Généraux.
14 juillet 1789 : prise de la Bastille.
4 août 1789 : abolition des privilèges.
26 août 1789 : Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Jusque là : tout va bien.

Mais la crise économique due à la désorganisation de l'Etat et des décisions politiques impopulaires génèrent des mécontentements :
- 1790 : constitution civile du clergé et obligation aux prêtres de prêter serment à la constitution.
- 1791 : tentative de fuite du roi et de sa famille qui sont dorénavant considérés comme des traîtres à la patrie.
- 1792 : abolition de la royauté.
- 1793 : éxécution du roi et de la reine, levée de 300 000 hommes de troupe et persistence des difficultés économiques. Le gouvernement devient peu à peu une dictature sanglante. La Déclaration des Droits de l'Homme est oubliée depuis longtemps. Les structures sociales traditionnelles sont bouleversées.

Des émeutes surviennent en Vendée dès 1792 et le 10 mars 1793 la Vendée se soulève et crée l'Armée Catholique et Royale. Succès et revers militaires se succèdent alors dans une Vendée transformée en champ de bataille. Pour rallier de nouveaux partisans et ouvrir de nouveaux fronts les vendéens franchissent la Loire et vont jusqu'à Granville, Laval, Le Mans, mais l'aventure tourne mal et l'Armée Catholique et Royale est vaincue en décembre 1793 et doit se replier sur la Vendée. Un groupe de 300 de ces " brigands " (c'est ainsi qu'ils étaient surnommés par les républicains) dépose les armes à Angers croyant que la reddition leur assurerait la vie sauve. Le 22 décembre les prisonniers sont conduits à Saumur et enfermés dans l'église de Nantilly. La Commission Militaire chargée de les juger ne perd pas de temps. La pénurie alimentaire exclut que l'on nourrisse des bouches inutiles. Les jeunes de moins de 18 ans sont extraits du groupe et les autres, après un jugement plus que sommaire, sont condamnés à mort. C'est ainsi que le 26 décembre 1793 un cortège de plus de 200 malheureux, affamés et épuisés est conduit sur les hauteurs de Bournan au sud de Saumur pour y être fusillé. Parmi eux : trois Louressois.

Le lieu du massacre tombe alors dans l'oubli. Il faut attendre près de deux siècles pour que le docteur Pierre Contant, historien angevin, rouvre le dossier et mène l'enquête sur cette tragédie. Non seulement il retrouve le lieu exact de l'éxécution mais aussi il étudie les archives concernant cet événement et enfin, suite à ces recherches, un monument commémoratif est érigé sur place. Les morts reposent désormais dans la dignité.

Le procès verbal du jugement du 26 décembre 1793 (6 nivôse an II) permet de connaître l'origine des victimes. La plupart de ces hommes ne sont pas Vendéens mais Angevins, originaires presque tous du sud de la Loire et principalement des Mauges. Comment des Louressois ont-ils été amenés à s'enrôler dans l'Armée Catholique et Royale ? Voici leurs noms tels qu'ils apparaissent dans le document, tels que le greffier les a entendus. En effet, lors du procès expéditif, il n'avait pas le temps d'être perfectionniste.
- GAGNE Pierre, laboureur.
- METTRE François, laboureur.
- ROUCHER Jean, laboureur.
Comme presque tous les fusillés de Bournan, ce sont des gens du petit peuple et non des nobles revanchards soucieux de retrouver leurs privilèges. Leur motivation ? Avant tout religieuse probablement, mais peut-être aussi économique. Une recherche approfondie dans les registres d'Etat-Civil conservés à la mairie de Louresse-Rochemenier permettra peut-être d'en savoir plus sur ces hommes.

Pour l'instant une lecture rapide des registres d'Etat-Civil de 1750 à 1795 environ a permis de trouver plusieurs Jean ROUCHÉ (ainsi orthographié par le curé HERBERT). Une famille GASNIER correspond peut-être au GAGNE du procè-verbal. En revanche, aucun nom de famille ne correspond phonétiquement à METTRE.

Les recherches continuent.

Source : Un épisode de la terreur. La tragédie de Bournan. Fascicule de 20 pages, par de docteur Pierre CONTANT.

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