- La famille MERLET à Louresse-Rochemenier

 

Le château du Pont de Varannes en 1911.

Une famille bien ancrée dans le Saumurois.

MERLET Jean François est né 25 septembre 1761 à Martigné-Briand (Maine-et-Loire).

Son père MERLET Jean, marchand fermier (négociant), est né le 15 mars 1735 à Trémont.

Son grand-père MERLET Jean Melchior, notaire royal, est né le 23 mai 1701 à Vezins.

Sa mère MERLET-GRIGNON Marie Magdelaine est née le1er juillet 1735 à Louerre.

Son grand-père maternel, GRIGNON François, marchand, est né le 18 novembre 1707 à Ambillou-Château.

Son épouse MERLET-CLEMENT Marie est née le 2 janvier 1764 à Saumur. Son père CLEMENT Etienne était « procureur es sièges royaux » (terme d'avant la révolution désignant un juriste et un avocat) et président de la chambre des avoués de Saumur (terme postérieur à la révolution désignant un avocat).

De nombreux échanges épistolaires montrent que MERLET Jean-François est toujours resté attaché à sa famille et à sa belle-famille, et s'il a volontiers aidé sa famille, elle l'a bien aidé en retour.

On voit que, de par leur profession, ces personnes étaient amenées à souvent parcourir leur région. MERLET Jean François avait déjà probablement repéré le château du Pont-de-Varannes, bien avant d'avoir l'opportunité de l'acheter. Pendant l'épisode de la terreur en 1793 il s'est probablement caché dans la région, d'autant plus facilement qu'il y avait famille et amis.

Une curiosité généalogique concerne sa mère née GRIGNON. Dans les sites web de généalogie il est parfois mentionné le nom « GRIGNON de La Guiberdière ». Les GRIGNON auraient-ils un titre de noblesse ? Il semble que non, puisque cette appellation « de la Guiberdière » n'est citée, ni en amont ni en aval, dans l'arborescence de la famille. Comme le nom de famille GRIGNON est assez répandu dans la région, il semble que, dans un acte, on ait précisé « de la Guiberdière », nom d'un lieu-dit, pour ne pas confondre avec d'autres GRIGNON.

Un oncle (un frère de sa mère) de MERLET Jean François, le général de brigade GRIGNON Louis (dit GRIGNON de GRANDMAISON, 1748-1825), est resté tristement célèbre pour avoir mené une des colonnes infernales en 1794 en Vendée. Sa mission : tuer tous les habitants et brûler tout ce qui peut-être brûlé. MERLET, dans son enfance, a probablement connu son oncle. Mais, dans la tourmente révolutionnaire, MERLET le modéré, et GRIGNON la brute, ont-ils continué à se fréquenter ? On sait que GRIGNON, en 1795, après la terreur, envoie une lettre à MERLET pour lui demander son appui alors qu'il devait rendre des comptes à la justice suite à ses exactions en Vendée. En dépit de tous ses crimes GRIGNON est acquitté par un tribunal sous prétexte qu'il a obéi aux ordres. Il remercie Merlet de lui avoir fait rendre justice.

En 1790, MERLET Jean-François est procureur-syndic du district de Saumur. Il s'occupe de la vente des biens nationaux, de la saisie des biens du clergé et de la fermeture des couvents et maisons religieuses. C'est un poste bien placé pour savoir ce qui est disponible à la vente. Est-ce ainsi qu'il a pu suivre le démantèlement des propriétés du baron FOULLON de Doué-la-Fontaine, dont le château du Pont-de-Varannes faisait partie ? L'achat ne se fait qu'en 1795. Le château devait être en mauvais état, comme il est indiqué dans un état des lieux fait par un fermier en 1788, lequel fermier étant GRIGNON Augustin, un oncle maternel de MERLET et maire de Rochemenier. Le déroulement de l'achat du château par MERLET n'est pas clair. Le château appartenait au baron FOULLON Joseph de Doué-la-Fontaine, ministre des finances de Louis XVI, assassiné au début de la révolution. Certains de ses biens ont été vendus comme bien national. Un des ses fils, FOULLON Eugène, a été emprisonné sous la terreur, puis acquitté. C'est lui qui vend le château du Pont-de-Varannes à MERLET qui vient d'hériter d'une partie des biens de ses parents (sa mère est décédée en 1792 et son père en 1793). Mais il s'avère que cette acquisition dépasse les moyens financiers de MERLET. Son salaire de haut fonctionnaire, le train de vie attaché à cette fonction et le rapport des terres de la propriété sont insuffisants et il a plusieurs fois affaire aux huissiers de ses créanciers. Dans une lettre à son épouse en 1812, il écrit : « Quelquefois je voudrais que ma terre fût vendue. Je serais à l'abri de bien des chagrins. Mais aussi, quand je songe à nos enfants, l'envie de vendre passe tout de suite ». A une occasion au moins, un de ses gendres le sauve de la saisie de ses biens.

 

MERLET Jean-François et son épouse CLEMENT Marie ont quatre enfants.

Marie Eugénie née le 4 mai 1785 à Saumur, et décédée le 4 juillet 1876 au château du Pont-de-Varannes. Elle épouse le 3 octobre 1807 à Napoléon-Ville (future La-Roche-sur-Yon) GENET Alexandre Antoine Gérard (1772-1837), directeur de l'Enregistrement et des Domaines (administration fiscale) du département de la Vendée. Ils se sont connus en 1806 à Napoléon-Ville où habitait MERLET Jean François quand il était préfet de la Vendée et que Napoléon-Ville était en construction. Marie Eugénie était alors la secrétaire de son père.


Jean-Jacques né le 28 mars 1792 à Paris. Titulaire d’une licence en droit, il est d’abord employé pendant trois ans comme surnuméraire au ministère de l’Intérieur, mais son domicile est en Maine-et-Loire. Il devient sous-préfet de Beaupreau en 1830. Il meurt (accidentellement, selon GODARD-FAULTRIER Victor, un membre de sa famille) à Paris le 4 décembre 1851, à l'âge de 59 ans, lors des émeutes qui surviennent à l'occasion du coup d'état qui porte Napoléon III au pouvoir. Il était célibataire.


Caroline née le 22 juin 1795 (4 Messidor de l'an III) à Saumur et décédée le 18 décembre 1879 à Doué-la-Fontaine. Suite à la promotion de son père à la Légion d'Honneur en 1804, elle a le droit d'intégrer, gratuitement semble-til, le pensionnat du château d'Ecouen (Val d'Oise) réservé aux filles de la Légion d'Honneur. Son père lui rend visite en 1808. Il est très satisfait de la qualité de l'éducation et du confort de cet établissement. Elle épouse le 20 février 1832, à Rochemenier, DE STABENRATH Jacques François (1793-1864), officier supérieur d'Etat Major. Le marié est le fils de Marie Auguste Léopold DE STABENRATH qui est une victime de la Terreur, car guillotiné le 9 juin 1794 à Paris à l'âge de 30 ans.


Camille né le 24 novembre 1796 (4 Frimaire an V) à Soulanger. Voilà une localisation étonnante puisque ses parents ont acheté le château du Pont-de-Varannes (situé sur la commune de Rochemenier) en 1795, un an avant sa naissance. La famille MERLET n'a donc pas emménagé tout de suite au Pont-de-Varannes et a probablement logé provisoirement à Soulanger. Le château était occupé par la famille du fermier GRIGNON Augustin (un oncle de MERLET Jean-François) et il fallait aménager les lieux pour héberger les deux familles. GRIGNON Augustin était auparavant fermier de FOULLON Eugène (fils du baron FOULLON Joseph de Doué-la-Fontaine). MERLET Camille se marie à Luigné le 8 février 1832 avec RUFFIN Virginie (1798-1870). RUFFIN Virginie est fille de RUFFIN Urbain et de MERLET Marie qui est une sœur de MERLET Jean-François. MERLET Camille et RUFFIN Virginie, les deux mariés, sont donc cousins germains. Camille décède le 13 janvier 1841 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) à l'âge de 44 ans. Profession mentionnée sur son acte de décès : Capitaine d'Infanterie, mais auparavant il était Capitaine de Cavalerie.

 

Quelques personnages illustres apparentés au baron MERLET Jean-François. On constate que ces personnes ont fait carrière dans la haute-administration, la politique ou l'armée :

MERLET Louis Henry François (1766-1834), frère du baron MERLET, époux de TESSIÉ Clémentine Marie (1785-1877). Conseiller Général de Maine-et-Loire. Maire de Martigné-Briand à deux reprises. Ils ont eu quatre enfants dont la généalogie est compliquée : le premier enfant, Henri, a épousé BRICHET Virginie. Le second enfant, Clémentine, a épousé BRICHET Auguste frère de Virginie (voir précédemment). Le troisième enfant, Marie-Louise, a épousé un oncle maternel. Le quatrième enfant, Elisabeth, a épousé un cousin éloigné.


RUFFIN de la MARANDIERE Urbain Augustin (1762-1822), beau-frère du baron MERLET, époux de MERLET Marie Anne (1764-1847). Il est conseiller du roi et garde-marteau (ancien nom d’officier de la maîtrise des eaux et forêts, qui était dépositaire du marteau avec lequel on marquait le bois désigné pour être coupé et vendu dans les forêts du roi). Maire de Luigné en 1800.


GENET Alexandre Honoré Joseph Eugène (1812-1878), époux de MERLET Elisabeth Marie (1818-1896). GENET Alexandre Honoré est le petit-fils du baron MERLET Jean François, et MERLET Elisabeth est la fille de MERLET Louis Henry le frère du baron MERLET Jean François. Ils ont donc un lien de parenté. Il est Général de brigade, responsable des fortifications. En 1877, à l'âge de 65 ans, il est élu Conseiller Général de Maine-et-Loire pour le canton de Doué-la-Fontaine. Messe de sépulture de GENET Alexandre Honoré le 15 janvier 1878 en l'église de Rochemenier en présence de Monseigneur Felix de LAS CASES, ancien évêque de Constantine et d'Hippone (Algérie). Ce dernier a une histoire singulière : ingénieur dans les mines de charbon du Layon, il épouse en 1856 MERLET Berthe Virginie, petite nièce du baron MERLET. Celle-ci meurt en 1858. Durement éprouvé par la mort de sa fille puis de son épouse, LAS CASES décide de se consacrer à Dieu. Il devient prêtre, puis évêque.


ROTHE Casimir Louis Emile (1835-1912), époux de GENET Louise Marie Blanche (1841-1910) qui est une arrière-petite-fille du baron MERLET. Aide de Camp du Général Dubois Fresney (21 juillet 1870), Aide de Camp du Général Genet (28 juin 1872 - son futur beau-père), Il devient Général du Génie. Il décède le 13 janvier 1912 à Versailles, mais est enterré à Rochemenier. Leurs descendants habitent encore aujourd'hui le château familial.


MERLET Jules Marie (1830-1921). Petit-neveu du baron MERLET (petit-fils de MERLET Louis Henry François, un frère du baron), époux de BRAULT Ludovie (1845-1876). Préfet (1873-1876), député (1885-1889), sénateur (1891-1920) du Maine-et-Loire. Maire de Martigné-Briand.


BRICHET Auguste (1795-1864), époux de MERLET Marie Clémentine (1806-1885, sœur de Jules Marie du paragraphe précédent), petite-nièce du baron MERLET. Notaire à Angers et maire de Sceaux-d'Anjou en 1841. Ils habitent et restaurent le château de Launay à Sceaux d'Anjou.


TESSIER DE LA MOTTE Eugène (1799-1877), Le 26 octobre 1829 à Angers 1er arrondissement il épouse sa nièce MERLET Marie Louise (1805-1870) qui est une nièce du baron MERLET (fille de Louis Henry, frère du baron). Maire des Rosiers-sur-Loire, conseiller général du canton de Doué-la-Fontaine et député de Maine-et-Loire de 1837 à 1849.


MALCOR Léon Louis (1852-1919), époux de GENET Hélène (1856-1885) arrière-petite-fille du baron MERLET. Polytechnicien, Général de division. Le mariage a lieu à Louresse-Rochemenier le 30/07/1877 dans la chapelle du château du Pont de Varannes. Hélène décède le 9 septembre 1885 à Tours à l'âge de 29 ans, en laissant quatre enfants. Elle est enterrée à Rochemenier. Léon Louis se remarie le 22 décembre 1891 à Orléans avec ALARDET Odile Aurélie Noémie. Il décède le 27 août 1919 à Versailles, où il est enterré (cimetière Notre Dame).

 

DE STABENRATH Charles Aimé Amédée (1801-1841), époux de GENET Alexandrine (1808-1834) petite fille du baron MERLET. Elle est morte jeune : 26 ans. Charles Aimé est devenu juge d'instruction à Rouen. Il est aussi connu comme homme de lettres et historien. On lui doit de nombreuses publications concernant la Normandie mais aussi la région de Doué-la-Fontaine. Il a un lien de parenté avec DE STABENRATH Jacques François (1793-1864) qui a épousé MERLET Caroline (1795-1879), une des filles du baron MERLET.

 

Le baron MERLET Jean François et la religion.

Il est attiré par la franc-maçonnerie et a même fait partie d'une loge maçonnique à Saumur, avant de démissionner. Mais c'est un homme prudent qui ne veut surtout pas heurter les croyances religieuses. Bien lui en a pris, car en tant que préfet de la Vendée, après la guerre civile à la fois politique et religieuse, il fallait ménager toutes les susceptibilités. De plus, le Concordat de 1801 qui définit des relations apaisées entre la république et le Saint-Siège n'est pas accepté par tous les membres du clergé. Il ne faut surtout pas raviver une guerre religieuse.
Soucieux de plaire à tout le monde, même au sein de sa propre famille, vers la fin de sa vie, en 1826, il demande à l'évêché que l'on puisse dire la messe dans la chapelle de son château, car sa femme ne peux plus se déplacer. Dans le registre paroissial de Louresse on ne trouve pas trace de l'inhumation du baron (1830) ni de la baronne (1828). Pourtant le château du Pont de Varannes, ces années-là, dépendait de la paroisse de Louresse, celle de Rochemenier ayant été supprimée en 1809.

 

La France, lassée des guerres.

Le baron MERLET, bien qu'ayant été responsable de la conscription en Vendée lorsqu'il était préfet, approuve l'initiative de sa femme en 1813 lorsqu'elle cache chez elle un insoumis, un jeune jardinier, pour qu'il ne parte pas à la guerre. Un an avant, en 1812, il a payé un remplaçant (c'était permis à cette époque là) pour que son fils aîné Jean-Jacques échappe à la conscription. Lorsque le second fils, Camille, entame une carrière militaire, il l'accepte à contrecoeur. Certes, cela ne semble pas très patriotique de la part d'un haut-fonctionnaire de l'état, mais il est bien naturel de craindre pour ses enfants. De plus tous les Français se rendent compte que, malgré les souffrances endurées, les guerres napoléoniennes n'ont rien apporté au pays.

Même les Vendéens se lassent. Les royalistes, déçus par le renversement de Louis XVIII le 19 mars 1815 et constatant que les troupes stationnées en Vendée sont toutes parties aux frontières, se soulèvent pour la quatrième fois lors des « cent jours » de Napoléon, d'avril à juin 1815. Mais la population suit mollement et le clergé n'encourage pas cette révolte. Napoléon envoie des troupes, certes peu nombreuses mais bien entraînées et mieux armées que les Vendéens. La défaite de Waterloo et le retour de Louis XVIII mettent un terme à ce soulèvement. La baronne MERLET, lors de ces événements, a conscience que si les Vendéens l'emportent ils pourraient déborder sur le Saumurois comme ce fût déjà le cas quelques années auparavant. Sa famille et ses biens pourraient être menacés. Elle décide pourtant de rester, encouragée par son mari, alors à Paris, qui par courrier la conforte dans sa décision.

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