1871 : une terrible épidémie de variole

La liste des décédés de la variole inhumés par le curé POIRIER

 

Les années 1870 et 1871 ont été catastrophiques pour la France. Il y a eu tout d'abord la défaite militaire face à la Prusse et la perte de l'Alsace-Moselle, et parallèlement la propagation d'une grave épidémie de variole. La guerre a favorisé la propagation du virus à cause des concentrations de militaires sur le front, dans les casernes et les hôpitaux. Les malades et blessés évacués vers l'arrière, ainsi que les permissionnaires, contaminaient les civils. C'est ainsi que l'épidémie s'est répandue partout. Il y avait pourtant déjà un vaccin, mais la désorganisation générale et le manque de piqures de rappel n'ont pas endigué la maladie. Bilan : en France plus de 125 000 malades et plus de 23 000 décès.

La commune de Louresse-Rochemenier n'a pas été épargnée : au moins 18 morts en deux mois et demi ! Le maire Frédéric Thimoléon CASLOT s'occupait de la gestion administrative des décès. Le garde-champêtre René CHARPY allait constater les décès. Le curé Eugène POIRIER s'occupait des inhumations. C'est d'ailleurs grâce à ce curé POIRIER que nous avons quelques renseignements sur la mortalité dans la commune. Conscient d'être le témoin d'une épidémie historique il a noté en marge du nom des décédés la mention "petite vérole", comme on appelait la variole à cette époque-là. Mais l'a-t-il fait pour tous les décédés concernés ? Il a également noté le lien de famille, s'il y en avait un, entre les décédés. La liste du curé POIRIER ne concerne que ceux qui ont été inhumés chrétiennement sur la commune. Le registre d'état-civil mentionne un décédé supplémentaire qui est un militaire mort de la variole dans un hôpital, et dont le corps n'a pas été rapatrié. Il s'agit de VINCONNEAU René (23 ans), originaire de La Bournée.

Le village de La Bournée et les fermes environnantes ont été particulièrement touchés. Louresse n'est mentionné que deux fois. Rochemenier, Launay et Brosse ne sont pas mentionnés. Pourquoi cette hécatombe à La Bournée ? Les archives de l'état-civil nous donnent peut-être un indice. Un des décédés, MEIGNIER Florent Louis, est mentionné dans son acte de décès comme "garde-mobile". Les gardes-mobiles étaient des réservistes qui allaient souvent à l'instruction militaire dans des casernes et autres lieux de concentration militaire. Entre chaque période d'instruction ils revenaient chez eux et devenaient ainsi un vecteur de la variole. Un autre garde-mobile de La Bournée, FOUCHARD Mathurin (22 ans), peut aussi être suspecté. Il est décédé au domicile de ses parents le 5/01/1871. Le curé POIRIER ne mentionne pas le mot "petite-vérole", mais en janvier 1871, au début de l'épidémie, savait-on déjà identifier la maladie ?

On ne connaîtra jamais le nombre exact de malades, car s'il y a eu au moins 18 décédés, combien de personnes ont été contaminées et ont survécu ? On voit sur la liste des 18 décédés qu'il y a 14 hommes et seulement 4 femmes. Les femmes étaient-elles naturellement plus résistantes, ou les hommes avaient-ils plus de contacts potentiellement contagieux ?

Statistiques de décès (toutes causes confondues) à Louresse-Rochemenier : 1870 : 26 morts, 1871 : 47 morts, 1872 : 12 morts.

 
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